Max, Sarah Cohen-Scali

Publié le 16 Juillet 2015

Max, Sarah Cohen-Scali

« 19 avril 1936. Bientôt minuit. Je vais naître dans une minute exactement. Je vais voir le jour le 20 avril. Date anniversaire de notre Führer. Je serai ainsi béni des dieux germaniques et l'on verra en moi le premier-né de la race suprême. La race aryenne. Celle qui désormais régnera en maître sur le monde. Je suis l'enfant du futur. Conçu sans amour. Sans Dieu. Sans loi. Sans rien d'autre que la force et la rage. Je mordrai au lieu de téter. Je hurlerai au lieu de gazouiller. Je haïrai au lieu d'aimer. Heil Hitler! »


Max est le prototype parfait du programme "Lebensborn" initié par Himmler. Des femmes sélectionnées par les nazis mettent au monde de purs représentants de la race aryenne, jeunesse idéale destinée à régénérer l'Allemagne puis l'Europe occupée par le Reich.


Une fable historique fascinante et dérangeante qu'on ne peut pas lâcher. Une lecture choc, remarquablement documentée, dont on ne sort pas indemne.

À partir de 15 ans

Un roman que j’ai aimé et qui a de grandes qualités. Toutefois, il est classé comme roman « jeunesse » et pour moi c’est un petit bémol. Je ne le classerai pas en « jeunesse » pour plusieurs raisons :

  1. Il faut avoir une bonne connaissance de la période à laquelle se déroule l’action : Seconde guerre mondiale, IIIème Reich…
  2. Bien que le narrateur soit un enfant, le ton utilisé est (très) souvent celui d’un adulte.
  3. Il faut avoir la maturité et la capacité de prendre de la distance par rapport aux propos du jeune narrateur.

Sinon, pourquoi ai-je aimé ce roman ? Au début, c’est l’aspect historique qui m’a attirée. Bien qu’ayant fait des études d’histoire et de sciences humaines, je ne connaissais pas cette facette de la guerre. Alors j’ai vu là une bonne occasion de m’instruire. Ce que j’ai découvert m’a tout simplement choquée. Konrad (ou Max) est un enfant conçu comme un produit. Il n’est pas le fruit d’un amour passionné, l’aboutissement d’une relation, non pas du tout ! Il a été conçu par des parents sélectionnés comme on sélectionnerait des chevaux. L’avantage de Konrad est qu’il est un produit parfais et non imparfait ca les produits défectueux sont tout simplement éliminés (Kaputt comme dirait Konrad).

Au fil des pages on découvre son histoire, son enfance, son baptême, et surtout son utilité. Cet enfant va servir aux Allemands à kidnapper des enfants polonais puis va aider à leur germanisation au sein d’une école et d’une Napola. Toutes les descriptions faites sont très intéressantes car elles montrent bien combien le système nazi était efficace (si on apprécie ce type d’efficacité bien sûr !). On apprend donc beaucoup sur les méthodes allemandes pour germaniser les populations vaincues et le type d’administrations mises en place. Bien entendu, tout ceci m’a fait froid dans le dos !

Konrad au début et jusqu’à sa rencontre avec Lukas (Lucjan de son vrai prénom) est une parfaite réussite pour ses concepteurs. C’est un petit garçon blond, aux yeux bleus, au visage aryen, et bien éduqué selon les principes de l’époque (vous voyez lesquels, pas besoin de préciser !). Donc nous suivons l’évolution de Konrad (le narrateur) et de sa petite vie. Son ton est très souvent celui d’un adulte, parfois celui d’un enfant, en tous les cas il est glaçant. Konrad justifie en bien les actions des soldats allemands et les commente. Il n’a aucun doute qu’en à l’idéologie nazie, le mal et la terreur qu’elle fait régner. Pour lui, cela est normal. Puis il rencontre Lukas, jeune juif polonais que le docteur Ebner (une pourriture) prend pour une bonne graine de futur nazi. Konrad fait tout pour se lier avec Lukas, peu coopératif il faut le dire. A partir de ce moment, petit à petit, Konrad évolue. L’enfant que j’ai détesté au début je me suis mise à l’apprécier. Au contact de Lukas, Konrad devient un enfant et a des doutes.

Je crois que j’ai justement apprécié ce roman parce que le personnage de Konrad s’humanise avec le temps. Le poison que les adultes avaient mis dans son esprit se dissipe peu à peu et de ce fait on comprend ce que l’auteur veut nous dire. Au travers de Konrad c’est toute l’horreur d’un système qui est dénoncée. Le programme Lebensborn est sans doute l’un des plus abjects mis en place en Allemagne durant cette triste période. Ce roman le dénonce et même des décennies après le conflit cela est utile.

En somme, un bon roman, instructif avec de bons personnages auxquels j’ai réussi à m’attacher malgré tout. L’atmosphère est pesante et le ton du narrateur souvent glaçant. Le dénouement est vraiment très bien amené et clos très bien le roman.

Rédigé par Laurinouchka

Publié dans #J'ai aimé, #Roman

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