Purge, Sofi Oksanen

Publié le 28 Avril 2015

Purge, Sofi Oksanen

1992, fin de l’été en Estonie. L'Union soviétique s'effondre et la population fête le départ des Russes. Sauf la vieille Aliide, qui redoute les pillages et vit terrée dans sa ferme. Lorsqu’elle trouve dans son jardin Zara, une jeune femme que des mafieux russes ont obligée à se prostituer à Berlin, meurtrie, en fuite, elle hésite à l’accueillir. Pourtant, une amitié finit par naître entre Zara et elle. Aliide aussi a connu la violence et l’humiliation… A travers ces destins croisés pleins de bruit et de fureur, c’est cinquante ans d’histoire de l’Estonie que fait défiler Sofi Oksanen.

Un très grand livre sur le mensonge et la peur. On en sort ébloui par la maîtrise et secoué par le propos. Alexandre Fillon, Lire.

Un livre âpre et dur qui met en parallèle la violence sur les femmes et sur les peuples. Augustin Trapenard, Elle.

Autant le dire tout de suite : gros coup de cœur !

Je suis restée scotchée à ce livre et j’ai eu beaucoup de mal à faire des pauses, ne serait-ce que pour dormir ou manger. Je me suis fait happer par l’histoire de ces femmes et la grande Histoire.

Outre l’histoire de ces femmes (je vais vous en dire un mot, patience …), il est déjà question d’Histoire avec un grand H. Au fil des pages, nous découvrons l’histoire de l’Estonie pendant l’occupation soviétique. J’avoue que je ne connaissais pas cette page d’histoire de ce pays et des malheurs des estoniens pendant cette période plus que sombre. Cette période succédant à une autre page sombre : l’occupation allemande et la seconde Guerre Mondiale.

L’histoire de ces femmes maintenant.

Aliide nous apparaît comme une vieille femme isolée et vivant recluse dans sa ferme. Elle est tout d’abord très méfiante lorsqu’elle découvre la jeune fille dans son jardin pensant à un mauvais coup et que tout ceci n’est qu’une mise en scène. Elle n’est d’ailleurs pas spécialement sympathique et l’on se demande ce qu’elle cache. Au fil des pages, on découvre son histoire familiale douloureuse, son amour déçu, ses relations avec sa sœur, le chagrin et une face plus sombre de sa personnalité. Les rancœurs, les trahisons, la honte. On apprend aussi les raisons de sa peur alors que le pays n’est plus occupé par les Russes et sa « trahison » aux yeux de certains.

Zara, la jeune fille, fuit un destin tristement banal. Une jeune russe qui a grandi dans un coin paumé de Russie se retrouve sur les trottoirs de Berlin à se prostituer. Elle est prise au piège d’un réseau mafieux et chacun sait que seule la mort (et parfois la police) vous délivre de ces réseaux. Jeune et naïve au début, elle s’endurcit pour ne pas mourir au fils des pages.

Alors comment ces deux destins se croisent-ils ? C’est là toute la force de l’auteur car on ne le découvre lentement. Sofi Oksanen garde jalousement les clés pour n’ouvrir la porte que doucement.

Zara parvient dans cette cour, dans cette ferme, auprès de cette femme. Elle n’est pas là par hasard. Et puis, Zara, bien que russe, parle estonien mais un estonien comme jauni par le temps. Aliide se rend bien compte que sa façon de parler à quelque chose d’étrange et elle est intriguée par cette fille. Qui est-elle ? Pourquoi avoir choisi de venir ici ? Au fil de l’histoire, on comprend quels sont les liens entre ces deux femmes.

Purge est avant tout un roman psychologique et basé sur la psycho généalogie (selon moi). Sofi Oksanen étudie les liens entre le passé de ces personnages et le destin de Zara.

Je tiens à dire qu’il est très difficile de faire un billet sur ce roman sans le déflorer et vous livrer des éléments clés de l’histoire. Je vous conseille très vivement de le lire car il est passionnant.

Rédigé par Laurinouchka

Publié dans #Coup de coeur, #Roman

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